Back on the road ! Le jour du départ de Roupakias est venu, mais avant ça, il faut sortir du lit, et vu la soirée d'hier, c'est pas si facile. Panos, le vieux fermier des olives, passe par Roupakias, et nous force à nous lever pour lui dire au revoir. Beaucoup plus amical que quand il s'agit de ramasser des olives et d'étendre des filets correctement, il nous demande si on revient l'année prochaine. Hier, il nous a amené 1,5L d'huile d'olive fraîchement pressée chacun, faite avec les olives qu'on a aidé à ramasser. L'huile fraîche est toute verte, opaque, et a un fort goût amer, qui partira avec le temps, d'après Sylwia.

Panos s'en va, et Mariush & Sylwia vont faire un tour à Vassiliki. On reste à Roupakias avec Rudy, et après un dernier Oatmeal, on met à profit les outils de Mariush pour agrandir les trous dans lesquels viennent se caler les pieds de notre table quand elle est à l'arrière. On avait complètement oublié que ça allait coincer avec les nouveaux pieds, plus grands. Signe de nos grands progrès en travail du bois, c'est fait en à peine une heure, avec doigté et précision, bien sûr.

Mariush & Sylwia reviennent, et c'est le moment des adieux, après les avoir aidé une dernière fois à abriter des meubles à l’intérieur pour l'hiver. Iels vont bientôt partir à Chamonix. C'est triste de se dire au revoir, et on s'en va de ce petit coin de paradis le cœur un peu serré, sous un ciel noir qui s'accorde avec notre humeur. A Nydri, on s'arrête sur le bord de la route, pour un déjeuner classique des boulangeries grecques: feuilleté à la feta, chausson à la feta, et bugatsa en dessert. On reprend la route, et au revoir Lefkada. Juste après le pont qui la relie au continent, un auto-stoppeur nous fait signe, on s’arrête, et on rencontre Roman, 18 ans, qui vient d'Ukraine. Son plan est d'être à Patras ce soir, où un canapé l'attend pour CouchSurfer. Sauf que notre plan à nous, c'est de n'y aller que demain, et de dormir sur la côte entre temps. Ça semble plaire à Roman, qui change ses plans et décide de nous suivre. Parti il y a trois semaines, après avoir été à la fac de philo un mois, et décidé que ce n'était pas pour lui, il voyage de manière assez originale : sans dépenser d'argent.Il se déplace en stop, dort dans sa tente ou en CouchSurfing, et demande aux restos ou aux cafés pour manger. Souvent, ils lui filent des restes ou lui font un petit plat, et il n'a pas l'air de mourir de faim. Ses yeux bleus et francs au milieu de son visage juvénile, entourée de cheveux blonds, ne doivent pas y être étrangers – un vrai ange de la route. Il est plein d'enthousiasme, le gamin, malgré les tempêtes de ces derniers jours qu'il a essuyé sous sa tente sur une plage de Lefkada, ça redonne un peu la pêche.

La route aussi a de quoi donner le sourire, elle longe la côte en dévoilant de petites baies montagneuses. Côté large, le soleil joue à percer les nuages de ses derniers rayons dorés. On s'arrête sur une petite route un peu défoncée qui part vers la mer. La vue est belle, on est entourés d'oliviers qui descendent jusqu'à la mer, et on voir les îles ioniennes, au loin. On se motive (Roman nous motive, il saute partout, plein de fougue) à marcher jusqu'à la plage, dans le crépuscule qui tombe, et le retour se fait au clair de lune. On parle voyage, lectures..Roman lit les "Dharma Bums" de Kerouac en ce moment et a très envie de voyager aux États-Unis..ça rappelle un peu moi il y a quelques années. Il a même Sur la Route dans son sac. Le vent se lève, et on aide Roman à monter sa tente à côté du trafic. Il a l'air confiant pour sa nuit, malgré les éclairs qu'on voit sur les îles au large, et qui semblent venir vers nous. On partage bières et pâtes au pesto avec le gamin, sous la lune quasi pleine, et on va se coucher tôt, sommeil à rattraper.