Journée un peu différente aujourd'hui, nous n'allons pas travailler à Roupakias mais aider à la récolte des olives de Panos, l'ancien propriétaire (un ex-fouiny, dirons nous) de la maison rachetée par Mariush et Sylwia. Il passe nous chercher à 8h pétantes, on est à poil à la bourre, ayant présupposé que les grecs, généralement relax, sont toujours en retard. On avale en vitesse la fin du petit dej et on embarque pour le champ d'oliviers, situé un peu plus bas dans la vallée. On est 10 en tout pour cette petite cueillette party. En plus de nous 4, Panos et sa femme, un autre couple de vieux grecs, une mamie surexcitée, et une travailleuse albanaise. Sacré mélange.

La première chose à faire est de couper les herbes hautes aux pieds des troncs des oliviers, ça tombe sur Fred moi. Pas de bol, car les outils fournis par Panos & cie (une scie et une toute petite serpe) ne sont pas vraiment appropriés, on galère un poil et le dos couine. On finit vite et la récolte commence vraiment, dans une ambiance assez rigolarde. Mariush et le vieux grec, chemise bientôt ouverte sur son gros bedon suant, ont chacun une perche mécanique, reliée à un moteur à essence, au bout de laquelle tournent de petites pales qui font tomber les olives et des petites branches des arbres. En dessous de ces derniers, des filets sont étendus, en avance sur les valeureux perchistes, sous la direction assez maniaque de Panos, chef du pavage, pour qui un vingt centimètres de plus ou de moins sur un filet de 10m, ça compte. Ça rappelle un peu un autre grand père savoyard. Quand toutes les olives sont tombées d'un arbre, les femmes (et nous) les rassemblons dans un coin du filet. Il faut alors enlever la plupart des branches, et il faut voir la vitesse des mains des mamies grecques, c'est assez dingue. Ensuite on verse les olives dans un gros sac de toile. Et sus à l'arbre suivant, souvent déjà fini par les perchistes. De temps en temps, Panos coupe aussi une grosse branche bien garnie à la tronçonneuse, et on la dépouille au sol. Les machines font un sacré boucan, mais moins que les mamies grecques, qui jacassent et rigolent sans arret. Mon prénom devient Adonie, et elles trouvent qu'on dirait des dindes quand on parle français (« bubulia, gallia ! »). Elles font beaucoup de sous-entendus grivois, d'après Sylwia, qui traduit en partie - impossible de tout traduire vu le flow. Pendant ce temps, Mme Panos surveille tout ça assise sur un petit tabouret, et on se fait rappeler à l'ordre si on rêvasse dans un coin.

A 10h, un petit dej est offert par la maison, avec tourte aux epinards maison et café froid. On se remet au travail, toujours dans une bonne ambiance, et on progresse un peu en grec en apprenant des mots d'ordre (« Perime ! » Attends ! « Daxi » Assez ! ). On essaie de copier les gestes, surtout les mains supersoniques des mamies. Les olives qu'on récolte sont toutes vertes, assez dures, elles serviront à faire de l'huile « extra vierge » pour leur consommation familiale. Le ciel est chargé, mais sans pluie. Tant mieux, on n'a pas trop chaud. A midi, une grande toile est étendue, et on prend un pique nique champêtre. Mamie surex nous fait goûter son vin blanc, qui au goût ressemble plutôt à du cidre sans bulles, et aussi son fromage de chèvre, une sorte de feta au goût bien fermier. Mme Panos a préparé des boulettes de viande, du pastitio (un gratin de pâtes) malheureusement un peu froid et fade, et une salade de chou. On est bien nourris, en tout cas niveau quantité. Le dessert est un gâteau à base d'huile d'olive, difficile de faire plus lourd, ça fait penser à un bloc de sable trempé dans de l'huile et de la cannelle, un peu comme certaines pâtisseries orientales.

La récolte reprend, et Mariush ayant dû partir chez le dentiste, on hérite du rôle de perchiste, bien plus physique. On alterne avec Fred, il y a un petit rythme à trouver, et c'est assez marrant de faire pleuvoir des olives, en s'en prenant la moitié dans la tête. Pause grenades, bien juteuses, trouvées dans le champ d'à côté. Vers 15h, la journée de travail est déclarée finie – ou presque. On est réquisitionnés pour mettre les sacs d'olives à l'arrière de l'énorme pick-up de Panos, encore une fois sous sa direction assez envahissante. Fred est ensuite réquisitionné, sans qu'on comprenne trop au début, pour aller avec lui jusqu'au moulin où les olives seront pressées, et décharger les sacs. Je rentre avec Sylwia et Rudy, qui a bien fait le foufou dans le champ toute la journée. Baignade dans la rivière pour se décrasser, et soirée assez calme, tout le monde est fatigué de la journée. On a malheureusement écopé des restes du midi, dont le vin de Mamie surex, et on les file tous à Rudy, pour se concentrer sur une tartinade made by Sylwia, avec de la tomate, du yaourt et de l'origan. Et la bonne nuit.